Quand, comment et avec quoi récompenser son chien?
Ces trois sujets sont les piliers de l’éducation en positif, c’est-à-dire de méthodes éducatives basées sur le principe de la récompense et non de la punition.
Par récompense, on entend « quelque chose qui amène du plaisir » et par punition, on entend « quelque chose qui supprime du plaisir ou qui déplaît ».
QUAND?
La récompense a deux fonctions principales: elle est utilisée comme leurre pour enseigner un mouvement ou comme gratification, pour favoriser un comportement ou féliciter une action.
Le leurre: dans ce cas, j’utilise ma récompense (jouet ou nourriture) pour guider le chien dans un mouvement. Typiquement le coucher, le au pied, le tourne autour…
Pour leurrer le chien, on lui place la récompense sous le nez afin de le guider (version très simplifiée). Il reçoit ensuite la récompense.
Exemple concret : mon chien fait le assis mais pas le coucher. Je lui demande de s’asseoir (récompense), puis je tiens une friandise du bout des doigts et descends ma main entre ses pattes en l’éloignant doucement. S’il suit le mouvement, il se retrouve couché (récompense), exercice réussi.
La motivation: dans ce cas, j’utilise ma récompense pour féliciter une action qui m’a plue (spontanément ou suite à une commande). Typiquement, le fait d’accomplir un ordre connu.
Pour motiver le chien, on lui donne sa récompense lors de la pratique d’un exercice difficile (par ex. le rappel lorsqu’il est distrait), lorsqu’il execute un ordre connu ou lorsque son comportement plaît. Il reçoit la récompense afin de lui indiquer notre satisfaction, mais aussi pour l’inciter à répéter cette action.
Exemple concret : mon chien s’amuse avec ses congénères, je le rappelle et il revient. Je le récompense généreusement pour lui donner envie de répéter ce comportement.
Exemple concret : en promenade, mon chien revient régulièrement vers moi spontanément, sans que je le rappelle. Je le récompense vocalement et parfois avec une friandise ou son jouet, afin de lui indiquer que ce comportement me plaît.
QUOI?
Quel type de récompense utiliser?
La friandise: elle a l’avantage de fonctionner avec quasi tous les chiens, même s’il faut parfois faire quelques essais avant de trouver la bonne!! De la croquette au pâté, en passant par le cervelas ou le fromage, il est rare de ne pas trouver LE truc qui fait dégouliner les babines de Médor…
+ La nourriture étant un besoin primaire du chien, elle représente une récompense++. Elle a l’avantage d’être facile à prendre avec soi et à utiliser.
– Beaucoup de propriétaires ont peur de rester dépendants de leur pochette à biscuit ou deviennent une sorte de distributeurs.
Le jouet: il a l’avantage de proposer une activité au chien, en le gardant centré sur son maître. A nouveau, le choix est vaste, de la balle au nounours qui squique, il va falloir bien réfléchir à ce qui convient le mieux.
+ Pour un jeune chien, le fait de pouvoir jouer et de rester en mode actif sera stimulant et le jouet qui squique emmet un son très attrayant.
– Le jeu étant un besoin tertiaire, il représente une motivation moindre par rapport à de la nourriture ou des interactions entre congénères. De plus, la recherche de balles ou autre jouets abandonnés dans les hautes herbes ou les taillis peut s’avérer fastidieuse.
La caresse: elle procure certes du plaisir à la plupart des chiens, mais rarement lors d’activités en extérieur ou d’exercices éducatifs. Il n’est pas rare d’observer un chien qui baisse la tête afin d’éviter le contact.
+ A la maison, lors d’un moment de complicité, la caresse est généralement appréciée et a un effet relaxant.
– Elle n’a pas ou peu d’intérêt pour le chien, lorsque d’autres activités lui sont proposées et qu’il se trouve dans un environnement stimulant.
La voix: elle est un super indicateur pour le chien, et permet une réaction instantanée. De récentes études démontrent qu’une friandise accompagnée d’une validation vocale procure un plaisir ultime chez le chien. De même que le baby talk (le fait de parler à son chien sur un ton aigu et enfantin) est super attrayant. Pour que la gratification vocale soit optimale, il est important qu’elle soit accompagnée d’une friandise lors de la mise en place de l’éducation (réflexe de Pavlov).
+ On a toujours la possibilité de renforcer un comportement avec la voix, c’est instantané, simple et naturel.
– La gratification vocale seule n’est pas suffisamment motivante en cas de distractions élevées. Lorsque la voix est utilisée sous forme de réprimande, elle peut avoir un fort impact négatif.
COMMENT?
C’est là que ça se complique…
Quelle que soit la forme, c’est le timing le plus important!
Le timing: c’est le moment où la récompense doit être donnée, ni trop tôt, ni trop tard, ni trop souvent, ni trop rarement… Des études démontrent qu’il faut récompenser dans les 3 secondes pour être efficace lors de l’apprentissage. On peut un peu se détendre par la suite, quand la récompense est utilisée comme renforçateur.
Comment: une vieille croquette insipide, donnée sans entrain ni encouragement, n’a pas grande valeur pour le chien, surtout si c’est la 50ème. Il est primordial, d’accompagner toute forme de récompense d’un encouragement vocal, d’un ton allègre. De même qu’une friandise goûteuse, accompagnée d’un encouragement vocal trop fort, risque d’over stimuler le chien qui ne pourra plus se concentrer.
Adapter et ajuster: Adapter le type de récompense à la difficulté de l’exercice, ajuster le ton de la voix, sont des éléments clés à la réussite du travail en positif.
EXEMPLES
(pour simplifier, le maître s’appelle Paul et le chien Rex)
Paul et Rex suivent un cours sur le thème du « RESTE »
Faux : Paul a ses friandises dans un sachet, dans sa poche. Il veut récompenser Rex, mais le temps de fouiller dans sa poche, Rex s’est déjà déplacer pour venir chercher sa friandise lui-même.
Faux : Rex est bien immobile, en reste. Paul sort le jouet de sa poche, Rex vient en courant.
L’exercice est vain, Rex ne comprend pas ce qu’il doit faire puisque le récompense ne vient pas lorsqu’il est immobile mais lorsqu’il s’est relevé.
Juste : Paul a déjà préparé une petite friandise dans sa main et la donne à Rex, en l’accompagnant d’un BIEN dès que l’exercice est réussi, alors que Rex est encore bien en position immobile.
Rex comprend ce que Paul attend de lui et prend du plaisir à travailler.
Paul et Rex sont en promenade, Paul rappelle Rex qui joue avec un congénère
Faux : Paul hurle REX 10 fois de suite, va le chercher, le gronde et l’attache.
Faux : Paul rappelle Rex sans succès, va le chercher et lui donne une friandise avant le prendre en laisse.
Faux : Au 5ème rappel, Rex revient. Paul, frustré, lui ordonne un ASSIS et le met en laisse, sans récompense.
A l’avenir Rex trouvera toujours plus commode de rester jouer avec son pote!
Juste : Paul se rend compte que Rex est pris par le jeu, renonce à le rappeler, et va tranquillement le chercher, le prend en laisse sans commentaires quelques minutes afin de l’éloigner, le lâche et effectue quelques rappels réussis accompagnés de friandises et de BIEN – BON CHIEN.
Juste : Rex revient après quelques minutes, Paul le récompense et continue de lui donner des friandises en s’éloignant de l’autre chien.
Juste : Paul détourne l’attention de Rex en lui montrant son jouet favori, il s’éloigne en jouant et en félicitant son chien.
En choisissant d’ignorer un mauvais comportement et en gratifiant généreusement le bon, Rex se sentira motivé la prochaine fois.
Paul et Rex sont en ville, Paul s’arrête pour discuter et Rex aboie
Faux : Paul s’énerve et dit à Rex de se taire. Rex continue d’aboyer. Rex ne sait pas ce que TAIS-TOI signifie.
Faux : Paul donne des friandises à Rex « pour le calmer ». Rex continue d’aboyer.
Faux : Dès que Rex commence à aboyer, Paul interrompt sa discussion et continue la balade.
Rex s’ennuie, il aboie pour attirer l’attention, comme il est récompensé pour ses aboiements, il fera la même chose la prochaine fois.
Juste : Paul met des friandises au sol dès qu’il s’arrête alors que Rex est encore tranquille et le félicite « bon chien, tranquille ».
Juste : Paul détourne l’attention de Rex qui aboie en lui demandant de faire autre chose et le récompense une fois qu’il est à nouveau calme.
Rex comprend ce qu’on attend de lui et les friandises au sol l’occupent.
EN RESUME
Si ça ne marche pas, que le chien ne comprend pas, et se désintéresse, c’est qu’il ne comprend ce qu’on attend de lui. L’ordre n’est pas clair, la récompense arrive au mauvais moment ou n’est pas adaptée.
Heureusement, il n’est jamais trop tard pour recommencer à zéro et repartir sur de bonnes bases en étant conseillé par un éducateur compétent qui prendra le temps de comprendre le fonctionnement du binôme qu’il assiste.
Et vaut mieux récompenser une fois de trop, qu’une fois de pas assez…